Jacques BUSQUET dit Le Proviseur



Jacques Busquet est né en 1827 à Toulouse. Nous savons qu'il suit ses études au Lycée de Toulouse où il suit un parcours classique jusqu'à sa classe de rhétorique (l'équivalent de notre classe de terminale).

Jacques a t-il d'ors et déjà décidé de faire de l'enseignement sa carrière professionnelle? On peut le penser car à peine sa classe de rhétorique terminée qu'il devient chargé d'études dans le même Lycée.

L'année suivante, Jacques doit quitter la capitale rose pour la petite ville de Foix où il devient régent de quatrième au collège. Il semble qu'il n'y soit resté que quelques mois puisqu'en janvier 1847, il est nommé régent de quatrième au collège de St Girons (Journal de Toulouse, Politique et Littéraire du 30 janvier 1847). Moins d'un an plus tard, en décembre de la même année, Jacques est chargé de la chaire de seconde, qui vient juste d'être créée.

A cette date, il est chargé du discours de fin d'année du collège et choisi pour thème : " De la Place et du Rôle de la Philosophie dans un Programme d'Enseignement en harmonie avec la Nature Humaine "  .

C'est sans aucun doute à cette époque qu'il rencontre sa future épouse, Clara Monroux. La chronique familiale raconte que Clara était l'élève de Jacques au collège de St Girons. C'est assez plausible compte tenu du fait que Clara avait 17 ans au début de l'année scolaire 1848-49.

Je perds sa trace pendant six ans, et je le retrouve en 1855, date à laquelle il est professeur de philosophie au lycée de Moulins

Il était à Moulins, au moins depuis le 27 août, puisqu'à cette date, naît dans cette ville, Jean Raymond, le fils de Jacques.

Un an plus tard, en 1856, je le retrouve à La Rochelle où il est professeur de philosophie. Il y reste au moins deux années scolaires. C'est à cette époque, en 1856, qu'il devient agrégé de lettres, il a alors 29 ans. 

A La Rochelle

En 1858, il a de nouveau changé d'établissement et nous le retrouvons à Poitiers, où, cette fois il va rester pendant six années comme censeur du lycée.

Il profite de cette période pour rédiger une thèse de licence de droit avec un sujet un peu curieux : " Des enfants naturels simples. Des enfants adultérins ou incestueux. Des enfants trouvés ". 

L'année suivante, en 1865, il fait à nouveau ses valises pour se rendre à Toulouse, sa ville de naissance. Il est censeur du lycée pendant deux, peut-être trois ans.

En 1866, Jacques participe au concours de poésie organisé par l'Académie des Belles Lettres de La Rochelle et obtient la médaille d'argent.

Nous le retrouvons en 1867 au lycée impérial de Rodez avec une belle promotion. Il est alors proviseur du Lycée à 40 ans. Il y reste au moins jusqu'en 1870.

A la fin de l'année scolaire 1867-68, il se charge du discours de fin d'année, " …sur les principe qui servent de base à notre système d'éducation… ". 

De 1871 à 1872, je n'ai pas de trace de sa présence. Peut-être était-il à Rodez ou bien était-il déjà dans sa nouvelle affectation à Toulouse.

En 1872, Jacques participe encore au concours de poésie de l'Académie des Belles Lettres de La Rochelle

Six années plus tard, en 1872, Raymond obtient à nouveau la reconnaissance de l'Académie de La Rochelle : " La Section littéraire a en outre accordé : - Une première mention très-honorable, inscrite sur médaille d'argent (grand module) à M. Busquet, proviseur du Lycée de Toulouse, auteur du conte intitulé : l'Etudiant et le Gnôme. " 

Dès 1873, Jacques est en effet de retour au Lycée de Toulouse. Cette fois il revient comme proviseur pendant deux ans.

Pour le début de l'année 1875, nous possédons de Jacques une lettre par laquelle il adresse la demande d'inscription de son fils Jean Raymond au concours d'admission à l'école Centrale. A cette occasion nous apprenons qu'à cette date, Jacques est chevalier de la légion d'honneur.

Dans une lettre adressée par Jean Raymond en juin de la même année, on apprend l'adresse de Jacques à Toulouse : n°1, rue des Balances.

Pour la nouvelle année scolaire 1875, Jacques fait encore ses valises pour se rendre à Lyon. Il est alors proviseur du Lycée. Il a alors 48 ans. Cela sera dernière affectation.





Dans "Guignol député", Guignol se prépare à partir pour Paris où il a été nommé député. Madelon l'aide à faire sa malle, et au moment de la fermer Guignol s'exclame "... Ah j'oubliais. (Il apporte un gros livre). Tiens Madelon, cogne s'y ce bouquin par dessus". A l'interrogation de Gnafron qui demande s'il s'agit de "l'Armanach de Mathieu de la Drôme?", Guignol répond: "Eh non, quèque chose de pus rigolo, les poésies de M'sieu le porviseur Busquet, un gone que vous aligne, tous les ans, de vers de huit pattes ou de douze que tous les anciens élèves du Lycée s'en gassent les boyes au dessert. Parait que gn'a rien de tel pour faire digérer; ça n'enfonce toutes les pastilles de bismuth ou de Patterson, et quand des omelettes au lard ou des discours impolitiques vous tiripillent l'estôme, tous les merdecins de la maison, M'sieu Subit, M'sieu Marduel, M'sieu Fochier, M'sieu Chauvet, M'sieu Gayet, M'sieu Gros, M'sieu Poncet, M'sieu Rebatel, m'ont toujours dit comme ça: Te prendras de vers spirituables de M'sieu Busquet, ça dégage le fège, ça désempille la rate et on digère comme une autruche! T'y pas vrai, les gones?". (Cf acte I, scène III de Guignol Député, pochade en trois actes de Claudius CANARD, 1883). Claudius CANARD s'appelait en réalité COSTE-LABAUME.

Le Décès de Jacques Busquet  -  Accident ?  Suicide ?  Meurtre ?


Le 10 avril 1884, Jacques décède à Lyon en pleine nuit. Il serait tombé accidentellement par la fenêtre alors qu'il tentait de remettre en place, vers minuit, un abat-jour. Si l'issue n'avait pas été dramatique, nous pourrions juger cette situation un peu cocasse: il n'est pas courant de se trouver perché sur une chaise ou autre tabouret en pleine nuit pour arranger des lumières!!!

Personne ne saura jamais rien des circonstances exactes de son décès. Certains se sont demandés s'il ne s'agissait pas d'un suicide, voire d'un meurtre. Non! il était tellement bon, il était apprécié unanimement et il est difficilement imaginable que quelqu'un ait pu lui en vouloir au point de le défenestrer.

... A moins ... qu'il n'est été poussé par sa propre épouse! Oui, pourquoi pas! Deux ans auparavant, lors du mariage de leur fils Raymond (dit l'Ingénieur) nous apprenons que Clara Monroux, épouse de Jacques, était dans "l'incapacité d'exprimer sa volonté". Cette description est trop succincte pour avoir une certitude sur sa pathologie mais il est très probable que celà corresponde à un état de dépression particulièrement aggravé. Nous pouvons ainsi imaginer que dans un instant de demi conscience, voire d'inconscience complète, celle-ci ait pu pousser son mari par la fenêtre. Ce "crime" involontaire aurait pu être par la suite caché, compte tenu de l'état mental de Clara.





Le journal, le Progrès de Lyon, du 13 avril 1884 relate en détail cet accident qui coûta la vie à Jacques:

Un bien triste accident est arrivé, la nuit de jeudi à vendredi au Lycée de Lyon, accident tragique qui a coûté la vie à l'excellent proviseur de cet établissement, M. Busquet.

Voici dans quelles circonstances cet accident s'est produit.

Jeudi, vers dix heures du soir, M. Busquet voulant probablement ranger l'abat-jour de sa chambre, monta d'abord sur une chaise, puis sur le rebord de la croisée.

Un faux mouvement, un étourdissement, peut-être, lui fit perdre l'équilibre; le malheureux tomba de la hauteur du premier étage.

Le corps frappa d'abord une véranda vitrée, qui fait le tour de la cour des moyens, cour sur laquelle les appartements du proviseur prennent jour; puis il traversa le vitrage et tomba sur les dalles.
Des employés furent éveillés par le bruit du verre brisé: on courut de tous côtés. Il s'écoula donc près de vingt minutes avant qu'on put se porter au secours de l'infortuné.

Quand on arriva près de lui on le trouva presque mort. Par une large blessure que la pauvre victime portait à la tête, le sang s'échappait en abondance.

Les soins les plus intelligents et les plus dévoués lui furent prodigués; mais ils restèrent sans résultats; après un quart d'heure de souffrances, M. Busquet rendait le dernier soupir.

La mort de M. Busquet est une grande perte pour l'Université et pour les lycées de Lyon qu'il dirigeoit avec beaucoup de tact et d'habileté. Bon, aimable conciliant, M. Busquet était aimé de tout le monde et les élèves le regretteront tout particulièrement.
Cet administrateur distingué était également un savant de premier ordre. Agrégé de philosophie, licencié es lettres, docteur en droit, on peut dire de lui qu'il savait tout. Les sciences et les lettres lui étaient familières et il s'exprimait en vers avec autant de facilité qu'en prose.

L'administration du Lycée nous prie de dire que les funérailles de ce regretté proviseur auront lieu lundi 14 courant, à dix heures du matin.

Les élèves qui voudraient y assister sont invités à se rendre à neuf heures et demie, dans la cour des moyens.

D'autre part, nous relatons avec plaisir l'initiative prise par quelques élèves du Lycée, qui ont ouvert une souscription pour faire l'achat d'une couronne qui sera déposée sur la tombe de M. Busquet.

Des listes de souscriptions sont déposées chez le concierge du Lycée. Ces listes seront closes ce soir dimanche, à huit heures précises.

Jacques sera enterré au cimetière de St Rambert, au nord de lyon, commune dans laquelle se trouvait l'annexe du Lycée Ampère. La commune, par son arrêté du 16 novembre 1884, décide de faire don d'une concession perpétuelle pour le monument qui sera érigé en souvenir du Proviseur.


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mise à jour:  mardi 12 février 2013Cliquez ici pour vous abonner à ce flux RSSPour me contacter: postmaster@st-antonin.fr