André Loranchet-Reverdet

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André Loranchet, la mémoire familiale a gardé de toi le souvenir d'un adolescent en rébellion contre tes parents adoptifs.

Tu as regroupé les archives familiales, du moins un certain nombre, sur le perron de la maison familiale de St Laurent de Mure (la maison forte) et tu y as mis le feu !

Combien de trésors ont disparu dans cet autodafé de ta crise d'adolescence? Nous ne le saurons jamais. Du moins, nous pouvons l'imaginer, car peu de temps avant, ton père adoptif, Jean Reverdet, avait extrait des archives familiales un document ancien qu'il n'avait pu identifier. Accompagné de Léon Charlin et du docteur Joseph Saunier, il alla à Grenoble le confier à Gaston Letonnelier, directeur des archives départementales de l'Isère. (Source: Autour du Plastre de Mures : Histoire(s) de Saint-Bonnet et Saint-Laurent de Mure, H. Charlin et J. Montchal, Editions Bellier, 1999, pages 126 et 127)

C'est ainsi que fut mis au jour les franchises accordées par le Dauphin Jean d'Albon, en 1316, au mandement de Saint-Laurent, Poullieu, Saint-Bonnet, Mures et Quincieu ! C'est d'ailleurs certainement l'intérêt porté à ces vieux documents qui t'a donné l'idée du type de forfait que tu pouvais accomplir !

Mais il ne semble pas juste de résumer ta vie à cet acte. C'est l'objet de ce cette biographie, qui reste finalement assez sommaire.

Rappelons tout d'abord que tu es le fils du Docteur Félix Loranchet, chevalier de la légion d'honneur, et d'Antoinette Coche.
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De cette union, sont nés au moins trois enfants :
  •                 Edmond
  •                 Jean
  •                 André

L'ordre n'est pas connu, mais André est sans aucun doute le dernier, car c'est le seul à avoir été adopté.

Félix et Antoinette sont décédés à une date inconnue laissant leurs trois enfants peut-être majeurs pour les deux aînés et mineur pour André.

Ce dernier fut alors adopté par des cousins d'Antoinette. Il s'agissait de Jean Reverdet et Alice Coche (Eux mêmes cousins germains) qui n'avaient pu avoir d'enfants.

Le 7 mai 1908, André fait sa première communion à Chambéry

Pas d'autres informations sur la jeunesse d'André hormis le malheureux événement des papiers détruits.

Le mariage

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Le 29 décembre 1921, il épouse Marthe Boyer, fille de René Boyer, greffier à Chambéry, et de Victoire Gubert. (La tradition familiale a uniquement retenu le prénom de Marthe mais une recherche sur internet permet de savoir qu'il s'agit de Marthe Boyer : source Généanet, généalogie de Henri de Dianous).

D'après l'Ingénieur (Raymond Busquet), Marthe "était assez gentille sans être d'une beauté remarquable mais elle avait toutes les qualités de l'intelligence et du cœur " !

Ci-contre , le menu du repas de mariage qui eu lieu à l'hôtel Terminus de Chambéry.

Les enfants

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De cette union sont nés :

  • Jeannine. Elle est confirmée le 3 juin 1934 à Chambéry. Raymond Busquet, dans ses mémoires, dit d'elle : " charmante enfant dont nul ne sut ce qu'elle devint dans l'existence, ayant pris son envol et son indépendance à sa majorité, sans plus jamais donner signe de vie ". On la voit sur une photo prise devant la maison de St Laurent de Mure, avec de gauche à droite, Marcelle Busquet, Jean Reverdet et sa soeur Joséphine Reverdet, et devant Jeannine, et sa petite cousine Lilly Soutter.

  • Claude. Il est né à Saint Laurent de Mure le 12 décembre 1923. Enfant, il faisait partie des scouts et fut routier de la province " Marche de Provence "  . Encore tout jeune, il s'engage dans la légion étrangère, dans le premier bataillon du 3ème régiment étranger d'infanterie, matricule 607 883. Jeune sous-lieutenant, envoyé en Indochine, il meurt le 21 octobre 1947, à l'hôpital d'Haïphong, des " suites de blessures ". Son nom est gravé sur le monument aux morts de la légion étrangère, dans le carré des légionnaires, à Puyloubier (13)  . Il avait à peine 24 ans ! Il fut chevalier de la légion d'honneur.(Sources:http://www.riaumont.net, extrait du mémorial national des scouts morts pour la France, http://www.memorial-genweb.orghttp://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr)

  • Marie-Aline, née et décédée en 1925. (Source: Information d'Henri de Dianous (Janvier 2009))

Pionnier de la Radio


Mais revenons au parcours d'André Reverdet. Il a tout d'abord été avocat, et certainement passionné par le milieu artistique , il abandonne le barreau. (En 1917, il avait édité sous le pseudonyme d'André Chantelor, un livre de poésies : "Poèmes rustiques, le livre d'amour ").

Nous le retrouvons ainsi en 1926 directeur de Radio Lyon où il est chargé du " journal parlé " qui débute en septembre de cette même année. Il présente sa chronique 4 fois par semaine, à 20h30 (Source: Histoire de la radio en France, René Duval, 1979, page 154). Dans le programme du 22 novembre 1927 nous voyons : "21h00 : Chansons de la vieille France, présentées et commentées par M. André Reverdet, interprétées par M. Lucien Nelson ".

Il reste directeur de la radio jusqu'en 1928. A cette époque, la radio est en grandes difficultés financières et décide une augmentation de capital qui voit 90% des parts tomber aux mains de Pierre Laval. Ce dernier, outre la politique, était aussi un homme d'affaires avec des participations dans plusieurs médias. Pierre Laval nomme Adolphe Anglade à la place d'André .

Sources: http://mc01michel.chez-alice.fr/siteofficielmc.htm, http://100ansderadio.free.fr, http://pascalsimeon.free.fr/radioly.htm
 
André à l'époque de Radio Lyon

L'Artiste


André se reconvertit dans la représentation théâtrale. Raymond Busquet se souvient : " Il était plein d'idées mais qui ne le menèrent jamais à la réussite, je l'ai connu un temps vers 1930, ayant ouvert à Lyon, dans la Galerie des Deux Passages, un théâtre de chansonniers qui ferma après la 3ème séance… "

Il a créé sa propre compagnie et l'on retrouve sur internet la trace d'un programme pour la saison 1828-1829 de "André Reverdet et sa compagnie" (Source: Répertoire de la Bibliothèque de Lyon).

Qu'est devenu par la suite André Loranchet-Reverdet ? Mystère.

Laissons le mot de la fin de cette biographie à Raymond Busquet: " Il partit en afrique et ne reparut plus " !

Annexes - Les Pièces à Dire d'André Reverdet

L'Ivrogne - 1926

Mais non! Puisque j'te dis que j'recommenc'rai pas!
T'es là à jaboter - ça sert à rien du tout,
c'est pas la pein'ma vieill'vraiment d'en faire un plat
pa'c' qu'en rentrant un soir - l'samedi! - j'suis un peu saoul.
J'ai bu - oh j'en sais rien, moi, deux ou trois bouteilles
ça fait d'mal à personn' tu sais l'bon jus d'la treille!
C'était chez l'Per'Martin, là-bas, près d'la station,
il a un beaujolais! Ah cré nom d'un trognon!
... Qui y avait avec moi?... Y avait Machin... puis Chose,
tu sais, là, l'ferblantier, et puis y avait... Bon Dieu...
Oh là là! Qu'c'est vexant tout d'mêm'quand on s'fait vieux!
J'peux pas trouver son nom! J'le fais pas … la pose...
Comment qu'i' s'appell'donc! Ah, j'en perds la mémoire!...
... Mais tu m'laiss' crever d'soif!... verse moi donc à boire...

... Coment qu'tu dis, les goss's, i' sont malad's... Non mais...!
Quoi... Payer l'pharmacien?... I's ont b'soin d'tout's ces drogues?
Des drogu's... Quand j'étais goss'moi, j'en buvais jamais...
De quoi?... l'docteur est v'nu... C'charlatan, c't'astrologue...
faudra l'payer encor', çui là, comme le potard...
Non... pour m'en raconter, à moi t't'lèv's trop tard,
... Non, mais... des fois!... tu vas laisser crever ton homme
Veux-tu verser … boire? Oui-z-ou non? Tu boug's pas,
t'aurais perdu les bras, les jamb's, ça s'rait tout comme!
Tu descends à la cave ou bien j'y vais d'ce pas?

Non mais... tu vas r'muer, ou bien s'i faut qu'je cogne?
Moi, j'suis bien bon garçon, bon mari et bon père,
Seul'ment, dis, la bourgeois' ben faudrait pas m'la faire...
Quand j'rentr'le sam'di soir, j'aim'pas qu'on s'pay'ma trogne...
Mais qu'est-c-t'as donc bon Dieu... v'la qu'tu chiall's à présent
Un' femm'qui pleur'toujours, tu sais, c'est déplaisant...
... Hein... Not'dernier qu'a l'croup... lui...Ben ça tu vas fort...
Mais il y connait rien ton med'cin, faut pas l'croire...
Qu'est c'tu dis?... Répèt'voir... C'est fini!... Il est mort...
... Ah ça c'est rigolo... Mais vers' moi donc à boire...

Quand son homme rentre saoûl - 1926

Est-c' que c'est lui qui mont'? J'écout' dans l'escalier?
Parbleu, le v'la qui s'fout par terr' sur le palier!
I' jur' comme un damné! ça fait mal de l'entendre!
Sur qu'il est saoul perdu! Misèr', qu'est-c' que j'vais prendre!

... Bonjour... ça va... Ta soupe est au chaud su'l' fourneau!
T'es en r'tard... ça fait rien... Allons, mang'vit' ta soupe...
Mais j'te fais pas d'reproch's... Bien sur... t'as bu qu'de l'eau..
Allons... Tu veux du pain... Attends voir que j't'en coupe.
T'fach's pas... Oui, tu veux boir'... dans un moment, tu sais,
ça n'te vaut pas grand chos' de boire avant d'manger...
Oui, j'vas t'verser … boir', mais t'fach's pas! Qu'est-c' tu fais?
Oui, oui, voilà... Attends, tu vas tout déranger...
faut pas tout mettre en l'air, comm'ça, dans la maison -
Mais non, j't'empèch' pas d'boir, si t'as soif. T'as raison...
oui... T'as toujours raison... Dis-donc, pour le boucher,
T'as pas vingt francs, des fois, i m'fait un peu la tête...
oui... Bois un coup... c'est ça... T'es fauché... Ah! c'est bête,
i'va plus m'fair'crédit... non, mais faut pas t'facher!
Ca sert à rien du tout... Pourquoi crier si fort...
Les voisins vont t'entendr', vrai, ça nous fait du tort...
Sois raisonnabl'mon homme, i coût' cher le pinard,
viens, on va nous coucher, viens donc, c'est déjà tard...
Mais non, j'te refus' pas un canon... tiens le v'là
oh... c'est y Dieu possibl', rev'nir dans c't'état là! -

oui, t'as raison j'te dis... t'as raison, comme toujours,
t'es là, tu t'mont's le coup, vrai, tu gueul's comme un sourd!
oui, ça va, t'as raison, l'boucher c'est un voleur,
l'proprio un bandit!... ton patron c'est un' vache,
oui, j'te dis, t'as raison... tes copains c'est des lâches, -
Oh, mais jur' pas comm' ça, mon homm' ça port'malheur! -
Oui, ça va - j'dis comm'toi - T'fach's donc pas. Ca va bien!
... J'tai parlé du boucher, n'y pens'plus, ça n'fait rien!
va, j'saurai m'débrouiller, pour trouver d'la bidoche,
puisque, dès l'sam'di soir, t'as plus l'rond dans tes poches!
T'as payé l'apéro aux copains... ça t'regarde
t'as des sous? Tu veux pas m'en donner? Tu les gardes...
Mais non j'te r'proche rien... t'as raison! Mais cogn' pas...
Oui, j'vas chercher du vin, vois-tu j'y vais d'ce pas
Oh, tu m'fais mal! Serr'pas si fort... oui, oui, j'y vais
Oui, j'descend chez l'bistro, j'prendrai ç'ui qu'tu buvais...
oh serr'pas... tu m'fais mal! - Y'a pas d'quoi s'fout' à l'eau! -
Cogn'pas... Ah, tu m'fais mal... tu m'fais mal, o salaud!

Et pendant ce temps là, ayant sur sa boutique
Clos bien soigneusement son rideau métallique
Monseigneur le bistrot recompte sa recette!
Il voit venir l'instant heureux de la retraite,
La petite maison au bord d'une rivière,
Les grand coups de chapeaux des paysans bornés
Et - pourquoi pas? - peut-être une écharpe de maire,
L'encens électoral déjà monte à son nez!
En attendant il va s'étendre dignement
Dans le lit conjugal où sa dame l'attend...

   

mise à jour:  mardi 12 février 2013Cliquez ici pour vous abonner à ce flux RSSPour me contacter: postmaster@st-antonin.fr